10.11.2002 – 10.11.2021 : Il y a 19 ans disparaissait Mgr André Wouking

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Hommage à un homme de Dieu – Mgr André Wouking : « Les fruits du tribalisme sont amers »

S’il y a un homme de Dieu qui a marqué mon existence, c’est Mgr André Wouking. Moi et ma famille devons beaucoup à cet homme. A une phase déterminante de notre vie, il est intervenu et avec sagesse, il a fait disparaitre les ténèbres. J’ai beaucoup appris de cet homme qui pendant notre fringante enfance a tenu à ce que nous ayons une éducation stricte dans la foi chrétienne. J’ai fréquenté son évêché grâce à mes parents et l’homme apposait toujours sa main sur nous pour nous bénir.

Il imposait aux jeunes catéchumènes que nous fûmes, une certaine rigueur. Pour espérer obtenir sa première communion, il fallait composer et obtenir un certain score. Pour espérer avoir sa confirmation, il fallait suivre une retraite spirituelle assidue et avoir une certaine maîtrise des textes sacrés. Et même la veille de la confirmation, rien n’était gagné. S’il trouvait que tu n’étais pas assez préparé spirituellement, il était capable de te demander d’aller te préparer pour l’année d’après.

C’est aussi avec ce qu’il a subi lorsqu’il a été nommé archevêque de Yaoundé, que j’ai découvert réellement le cancer du tribalisme au Cameroun. Et Mgr André Wouking nous avait toujours sensibilisé sur les effets négatifs du tribalisme. Il nous racontait souvent ce qui s’était passé au Rwanda et concluait toujours ainsi : « Mes chers enfants, les fruits du tribalisme sont amers ».

Mgr André Wouking est nommé Archevêque de Yaoundé en 1999. Le jour de son intronisation, des individus se réclamant de la communauté béti, érigent des barricades sur la nationale Bafoussam-Yaoundé avec pour intention d’empêcher les Bamiléké d’entrer dans la capitale. On a pu lire, écrit sur la route à l’endroit des manifestations :  » Pas d’Archevêque Bamiléké à Yaoundé « .

Voici un extrait de l’interview que Mgr André Wouking avait accordé par la suite au journal français catholique la Croix : « C’est aux cris de « on refuse un archevêque bamiléké » et « les Bamilékés veulent tout mais ils n’auront pas cet archidiocèse », que quelques centaines de Camerounais ont manifesté à la sortie et à l’entrée de la capitale Yaoundé, dimanche ».

La croix : Votre installation officielle, dimanche, à la tête de l’archidiocèse de Yaoundé, a provoqué des contestations (La Croix du 24 août 1999). Comment expliquez-vous cela ?

Mgr André Wouking : C’est un problème de tribalisme. Je suis originaire de l’ethnie bamiléké alors que l’ethnie majoritaire à Yaoundé est Owondo.

Et Mgr André Wouking de trancher :  » les fruits du tribalisme sont amers. Il y a plus de 250 ethnies au Cameroun avec des langues et des cultures différentes. »

Mais qui est Mgr André Wouking ?

André Wouking est né le 14 Juin 1930 à Foto par Dschang. Son père était employé comme maçon à la Mission Catholique de Dschang ; il va donc prendre l’habitude de confier son fils très tôt au Révérend père Bader. C’est ce prêtre qui joua d’ailleurs un rôle capital dans sa vocation sacerdotale.

Le 09 Avril 1961, il fut ordonné prêtre à Dschang par Mgr Paul Bouque. Après son ordination, Mgr Paul Bouque, alors évêque de Nkongsamba, le nomma Vicaire paroissial et directeur des écoles et du collège Saint Laurent à Bafou par Dschang.

En Septembre 1962, il est affecté à Souza comme Vicaire paroissial, directeur des écoles de la mission et directeur du collège Herbert. Le 1er février 1965, il est nommé curé de la paroisse de Souza par Mgr Albert Dongmo, alors nouvel évêque de Nkongsamba. En 1966, l’abbé André WOUKING est nommé curé de Bangangté. De 1972 à 1977, il est Curé Doyen de Bafoussam.

Le 30 Août 1976, il est nommé Vicaire Général et occupera cette charge jusqu’au 28 Février 1978. Le 03 Mars 1978, il est élu vicaire capitulaire, et quelques semaines plus tard, il est nommé Administrateur Apostolique du Diocèse de Bafoussam par le Saint-Siège. Le 05 Avril 1979, l’abbé André WOUKING est nommé par le Pape Jean Paul II évêque de Bafoussam. Le nouvel évêque va choisir comme devise : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » (1 Sam 3,9).

Le 17 Juillet 1999, Monseigneur André Wouking est nommé Archevêque de Yaoundé en remplacement de Monseigneur Jean Zoa décédé quelques mois plus tôt.

Mgr André WOUKING meurt le 10 Novembre 2002 à l’hôpital Saint-Germain-en-Laye en France dit-on des suites d’un accident vasculaire cérébral.

Il est inhumé le 22 Novembre 2002 à la Cathédrale Notre-Dame des Victoires de Yaoundé. On se souvient encore de la grande pluie qui s’était abattue sur la ville ce jour-là. Il a laissé comme bien à sa famille, uniquement la paire de lunettes qu’il avait achetée. Il était totalement détaché des biens matériels.

Mgr André Wouking était un mystère pour nous qui l’avons connu dans l’enfance. Je garde l’image de lui l’image d’un homme rigoureux, affable, à l’écoute, pur, juste, d’une extrême intelligence etc.

C’était aussi un homme proche du peuple et qui ne mâchait pas ses moments, on se rappelle encore des propos qu’il avait tenue un jour lors d’une messe à la cathédrale de Yaoundé : « Malheur à ceux qui boivent le sang la nuit, oppriment le peuple et le dimanche, viennent s’assoir aux premiers pour feindre de prier Dieu ; votre châtiment sera terrible ».

Merci Mgr pour tout ce que tu as fait pour nous. Je ne serai pas devenu celui que je suis aujourd’hui si tu n’étais pas intervenu avec rigueur et clairvoyance dans notre vie. Tu as sauvé et aidé tellement de familles. Tu nous as toujours conseillé de ne jamais faire du mal, tu disais : « Ce n’est pas parce que nous vivons dans un monde maléfique que nous allons croire que nous sommes obligés de faire le mal ».

Ton départ précipité nous a profondément touchés !

Source: Arol KETCH – 10.11.2021

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