MIDI, 1982 sur Radio Cameroun, Poste national.
Présentation : Jean Claude Ottou.
Générique : Manu Dibango, Waka Juju
Je terminais mes études secondaires et j’étais le responsable du
“Griot », le journal des élèves du Lycée Général Leclerc et je devais
faire la promo de mon canard dans les médias.
Direction la maison de la radio en compagnie de quelques condisciples et confrères.
Nous rencontrâmes le principaux responsables du journal parlé : Jean
Claude Ottou, Gerba MALLAM, Shasha Evelyn Ndimbié, Antoine Marie Ngono,
Zachariah Ngniman et Charles Ndongo.
Je me souviens vaguement dun
papier de Charles Ndongo à propos de la mauvaise passe que traversait
Yasser Arafat : Yasser Arafat était sur le fil de l’épée, aujourd’hui il
est sur la lame de rasoir.
Des noms de cette partie du monde, le
proche et le Moyen-Orient nous furent familiers : le leader Druze Walid
Jumblatt de la montagne du Chouf nayef hawatme, le dernier premier
ministre du Chah d’Iran Chapour Bakhtiar etc.
Ce bref passage
dans les couloirs et salles de rédaction me permit de mettre un nom sur
les visages qui se cachaient derrière le transistor.
C’est ainsi
donc que j’assistai pour la première fois à la grande messe dominicale
de Radio Cameroun qui faisait le round up de l’actualité nationale et
internationale de la semaine écoulée. C’était Dimanche Midi, de 12
heures à 13 heures 30 mn.
L’émission démarrait sur un rythme
syncopé de musique Yoruba que Manu Dibango avait apprivoisé au contact
de King Sunny Ade, le roi de la Juju music. Le titre était Waka Juju en
hommage à l’épouse décédée du grand Manu, Marie qu’il appelait
affectueusement Coco.
Jean Claude Ottou, JCO pour les intimes était aux manettes. Il avait succédé, je crois, à un dinosaure du micro, Joseph Marcel Ndi de la toute première promotion de l’ESIJY en 1970 qui devint l’ESSTIC depuis 1982 qui fut chaperonnée à l’ombre tutélaire des grands manitous de l’info, Henri Bandolo et Jean Vincent Tchienehom.
La jeune journaliste anglophone Shasha Evelyn Ndimbié à l’accent new-yorkais faisait l’accroche de l’émission en rappelant le titre et le présentateur de sa voix doucereuse et innocente.
L’actualité de la semaine était passée au peigne fin. La plupart des papiers étaient enregistrés. Se succédaient tour à tour par la magie de la bande sonore, Gerba Mallam, Antoine Marie Ngono, Gervais Mbarga. Gilbert Tsala Ekani qui vient de nous quitter de manière tragique.
Michel Ndjock
Abanda, Jean Materne Ndi, Jean Atangana qui prit plus tard le relais de
la présence l’émission, les jeunes pousses très prometteurs Charles
Ndongo et Alain Belibi, Jean Atangana.
Nous n’oublions pas les dames Barbara Etoa, Sally Ngwa (Messio à Bediong), Denise Epote, Michelle Makake.
La page sportive portait la signature de Daniel Anicet Noah qui fait
son retour sur la radio Nkul Ongola, le truculent Abel Mbengue, Francis
Emmanuel Sitouok, Jean Marie Watonsi ”Wakabamba », André Guimvoum.
La page culture était la plus attendue et signée de Keye Ndogo. Tel un mandarin, il distribuait les bons et les mauvais points sur les différents spectacles et les artistes. La critique de Keye était féroce et le jugement sans appel qui en découlait amenait ces artistes à se sublimer pour trouver grâce au regard très avisé de ce dernier qui fustigeait les disques-omelettes, les spectacles vulgaires ou à l’emporte-pièce.
Tel un grand chef étoilé qui concoctait le menu de l’émission avec
force de petits plats et d’ingrédients, Jean Claude Ottou se réservait
le plat de résistance à savoir l’interview. Outre le billet
humoristique, c’était l’art dans lequel il excellait le plus en raison
de sa grande culture, de son audace qui frisait l’impertinence mais
toujours dans la courtoisie servie par une voix chantonnante, un flow
(débit) rythmé et une diction impeccable.
Le personnage était un tantinet frimeur.
C’est ainsi qu’il relata à l’antenne l’exploit qu’il avait réalisé à
savoir obtenir une interview du Président Ahidjo à huit mille mètres
d’altitude.
Dans l’avion qui les ramenait d’un voyage, il
demanda la permission à son ministre d’interviewer le Président de la
République. Celui-ci accepta après l’intercession du chef du protocole.
JCO nous raconta que le Président lui demanda si c’était bien lui qui
présentait les informations à la radio et il acquiesça. Par la suite, il
demanda au collègue de JCO qui il était. C’était pour dire que le
Président le connaissait bien professionnellement et pas son collègue.
Son émission le Défi sur la CTV (télé) qui devait marquer son retour en
1986 après un départ de la radio en 1983 pour la SNEC ne connut que
deux clients :
– dans une interview, il demandat à Monseigneur Jean
Zoa s’il pouvait se mettre en maillot de bain sur une plage et aussi
quel était le sentiment qu’il pouvait éprouver à la vue d’une jolie
dame.
– Il demanda également à Jean Jacques Ekindi de raconter son univers carcéral dans la prison politique de Tcholliré.
Cela lui valut quelques déboires.
Aujourd’hui, Dimanche Midi est l’une des émissions les plus anciennes
de la radio nationale qui fait de la résistance au temps et à tous les
autres médias, ce qui est tout à so honneur et aux hommes qui l’ont
animé.
Nous ne saurions terminer cette évocation de la radio sans
avoir une pensée à l’endroit de l’aîné Michel Tjade Eone qui animait
l’émission ”Entretien, conférence et débat ” et également le regretté
Bernard Alphonse Libot ”RDC Panorama ou le monde en long, en large et en
travers”
Une pensée émue également à l’endroit de Valentin
Ngapout, Géraldin Paul Ngwa, Michel Essang l’homme sans problèmes, Rémy
Minko et son espace conversationnel, Lucien Mamba, Theodore Nyam à Moungam. Tonton Sebe Njoh pour Bon Anniversaire et l’éphéméride.
Le plaisir fut d’écouter Albert Mbida avec “Radio Trottoir” qui lança Massa Batré et par la suite Jean Michel Kankan, Georges Athanase Bakan, Paul Gerard Nsah Voundy, Antoine Marie Ngono, Alphonse Ateba Ndoumou, Marie Françoise Ewolo, Serges Ngando Ntone, Serge Pouth, Thomas Babikusana. Nyam à Mungam, le coq du village et le distributeur de la bonne humeur, Daniel Zock à Mbassa.
Jean Paul Nanga Abanda,
Agnès Doumbe, Hyppolite Nkengue, Paul Bernard Massag, Emmanuel Blaise
Mintamack, Barbara Nomo, Sita Bella qui fut également pilote, cinéaste
et écrivaine.
Les journalistes anglophones n’étaient pas de reste
et je citerai au hasard, Peter Essoka, Eric Chinje, Luke Ananga, Willy
Niba, Akwanka Joe Ndifor, Tataw Seraphin’s, George Ngwa, Geoff Ngwa,
Asonglefack Kemleke, Zachary Nkwo, le savant professeur Bernard Fonlon
avc Classical hour émission pendant laquelle il nous initiait à la
musique, etc.
Une pensée spéciale pour les pionniers André
Nganguè le père de Henri Bandolo, Gustave Mbella, Claude Ondobo, Abel
Zomo Bem, Jean Vincent Tchienehom, Koko à Messe, Charles Ekoka Sam
Ewande et surtout Hervé Bourges, le tout premier directeur de l’ESIJY de
1970 à 1976.
Il y a certes beaucoup d’omissions ou d’oublis et je m’en excuse d’avance car ma mémoire est traîtresse.
Vos contributions sont les bienvenues pour revisiter ces belles pages de Radio Cameroun.
TSANA MINALA