A la rencontre de ce réalisateur camerounais, figure de la deuxième édition du festival « Fête du cinéma : des écrans dans la ville », organisée à Yaoundé.
Avec lui et par lui, le téléfilm camerounais a eu ses beaux jours. Daouda Mouchangou, présenté comme le pionnier des réalisateurs de télévision, a familiarisé de nombreux ménages à l’univers du cinéma. Aux premières heures de la CTV aujourd’hui CRTV, les téléspectateurs se découvraient un penchant pour des histoires d’hommes et de femmes, qui auraient pu être un parent, un fils, un mari, une épouse, s’identifiant ainsi aux personnages.
« C’était le temps des grands comédiens », s’exclame un monsieur dans la Salle Sita Bella à Yaoundé, au moment où un extrait de « La succession de Wabo Defo » est projeté pour la séquence-hommage au réalisateur. C’était le 28 juillet dernier, lors du lancement de la « Fête du cinéma : des écrans dans la ville », un festival organisé par l’Association Cinéma numérique ambulant (CNA).
À l’honneur de cette deuxième édition, Daouda Mouchangou, 72 ans, qui en plus de sa casquette de réalisateur est célèbre dans l’univers du cinéma camerounais pour être resté 13 ans à la tête de la Société civile des arts audiovisuel et photographique (SCAAP).
Nostalgie des années 80 et 90, avec des souvenirs mémorables suscités par des productions comme « Japhet et Ginette » (1991), « La succession de Wabo Defo » (1987), « Le procès de madame », « Le retraité » (1990) ou « L’étoile de Noudi ».
Une trentaine d’années après, les messages portés par ces films continuent de marquer ceux qui, à travers le téléviseur du voisin ou devant son propre poste, ont apprécié les fruits du réalisateur. L’ensemble de son œuvre puise son inspiration dans la réalité de son terroir.
Pour Jean-Marie Mollo Olinga, critique de cinéma, « c’est le vécu des Camerounais que Daouda Mouchangou met en images. L’un de ses thèmes-phares c’est la gestion de l’argent. Par exemple, dans « Japhet et Ginette » ou dans « Le retraité « , il nous amène à ce questionnement : comment gérer son argent et ainsi son avenir ? »
Certains trouvent exagéré d’associer le terme « cinéma » aux téléfilms de Mouchangou. Mais d’après Jean-Marie Mollo Olinga, « son travail est bel et bien filmique et participe d’un projet cinématographique. On peut l’analyser avec les mêmes canons qu’une œuvre produite pour les salles. »
Autre particularité de ses films, le rôle puissant donné à la femme, celle-là qui ressuscite l’homme quand il est « mort ». « Dans les deux films cités plus haut, Ginette et Makrita, soutiennent leurs époux et les aident à se relever de leur banqueroute en agissant », explique Jean-Marie Mollo Olinga.
L’auteur du film « Le retraité » affirme ne pas connaître… la retraite. Pour lui, « l’artiste naît, grandit dans l’art en apprenant, mais ne meurt pas. Le cinéma, c’est mon amour, c’est ma passion, c’est ma vie. » D’ailleurs, il avoue que ses tiroirs regorgent de perles. « J’ai six films déjà écrits, mais aussi deux séries de 52 épisodes déjà prêtes pour le tournage », confie-t-il.